GUIDE DE LECTURE DE "JÉSUS DE NAZARETH"

Le Père Volle nous dresse un guide de lecture du tome III de l'ouvrage de Benoît XVI, publié récemment. Le tome II (La vie publique) a vu le jour en en 2007 ; le tome I (L'enfance) n'est pas encore paru.

 

Jésus de Nazareth

De l'entrée à Jérusalem à la Résurrection

Livre qui se veut à la fois d'exégèse historique et de spiritualité, pour permettre au lecteur une relation personnelle d'intimité avec Notre-Seigneur. En voici quelques points importants.

  • Liaison de l'Ancien et du Nouveau Testament, dans la présentation que fait Jésus de son identité et de sa mission (p. Il et passim).
  • Présentation« souple» par les rédacteurs des Évangiles des dits et de faits de Jésus. Développements et ajustement dans les nuances (p. 151), ce qui permet d'accorder les dissonances éventuelles (p. 43, 44, 66, 68, 151). Intérêt apologétique de ces discordances, lesquelles ne portent que sur des détails.
  • En matière chronologique, c'est saint Jean qui est le plus fiable (p. 32), notarnrnent pour ce qui regarde les circonstances de la mort du Christ, le vendredi 7 avril, alors qu'on immolait au Temple les agneaux de la Pâque, qui tombait alors cette année-là le samedi 8 avril.
  • Certaines pages des Évangiles sont faites de morceaux rapportés (p. 52, 296).
  • « Évangéliser» dépasse l'ordre du salut individuel: il s'agit de permettre au monde d'atteindre son but (p. 60).
  • Le noyau du message eschatologique de Jésus comprend l'annonce d'un« temps des Gentils », durant lequel l'Évangile doit être porté dans le monde entier et à tous les hommes. C'est seulement après cela que l'histoire peut atteindre sa fin. (p.63).
  • Pendant ce temps, Israël conserve sa propre mission : il est dans la main de Dieu qui, au temps voulu, le sauvera « totalement» quand le nombre des païens sera complet (p. 63, 315).
  • Le christianisme n'est pas essentiellement une morale, même à teneur d'héroïsme. Les Béatitudes ne sont pas la proposition d'un humanisme nouveau, qui laisserait le Décalogue pour« l'homme commun» (p. 84). Le christianisme n'est pas davantage la reproduction comme telles des actions de Jésus (p. 103), mais l'admission en chacun de nous de son esprit d'amour, lequel nous guidera selon notre vocation personnelle (p.80, 83, 84, 85, 267-269). C'est le don de la rencontre de Dieu en Jésus-Christ. «Demeurer dans son Corps, être pénétré de sa présence, voilà ce qui est essentiel» (p.81). «Si quelqu'un m'aime, nous viendrons vers lui et nous ferons une demeure chez lui» (p. 927). Le «Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés» de Jn, XV, 17, reste subordonné (p. 89-84).
  • Dans la foi chrétienne, c'est le Dieu incarné qui nous purifie et qui attire le créé dans l'unité avec Dieu. La dévotion du XIXe siècle a de nouveau rendu unilatéral le concept de la pureté, la réduisant toujours plus à la question de l'ordre dans le domaine de la sexualité, la contaminant ainsi de nouveau par le soupçon à l'égard de la sphère matérielle du corps» (p. 80).
  • Dans leur sanctification dans la Vérité (discours de Jésus après la Cène) se fonde le sacerdoce des Apôtres (p. 113) et l'Église entière (p. 121, 162).
  • Quant au sacerdoce de Jésus lui-même, il s'enracine dans son« oui », tout livré qu'il est au Père (190, 156). La Nouvelle Alliance est fondée sur le « oui» de Jésus à verser son sang (p. 156).
  • Dans l'offrande par Jésus de sa vie est incluse déjà la Résurrection (p. 155).
  • Jésus, l'homme entièrement «pour» (p. 158)
  • L'idée d'expiation est odieuse à la pensée moderne. D'où son rejet· du sens «vicarial» de la Passion. «Pédanterie» (p.143-144, 157,272).
  • Pro vobis et pro multis, c'est-à-dire« pour tous» (p.162).
  • Ce que nous appelons communément « la Cène» de Jésus, la veille de la Pâque juive, n'obéit à aucun rite particulier (p. 136-138, 163, 166). Par la suite, l'Église se sentira très libre de modifier les formes de l'oblation reprise du Christ. (163 -164).
  • « Il rendit grâce ». A qui ? A son Père. De quoi ? De façon anticipée, de sa Résurrection, ici annoncée, impliquée (p. 164). C'est le merci de l'exaucement de Heb, V, 7.
  • « La messe, c'est essentiellement Jésus ressuscité» (p. 168) Accentuation sans cesse reprise par notre auteur. Ainsi, avec une conclusion cultuelle: «Puisque le don de Jésus est essentiellement un don enraciné dans la Résurrection, la célébration du sacrement devait nécessairement être liée à la mémoire de la Résurrection. » D'où l'institution cultuelle du dimanche comme «jour du Seigneur» (p. 166).
  • Ce que l'Église célèbre durant la messe, ce n'est pas la dernière Cène, mais ce que le Seigneur, durant la dernière Cène a institué et confié à son Église, la mémoire de sa mort sacrificielle» (p. 166). Un mot signifiant« repas» n'est jamais utilisé, jusqu'à la Réforme du xvr siècle pour désigner la célébration de l'Eucharistie» (p. 166).
  • « Un archaïsme qui voudrait retourner à ce qui précède la Résurrection et à sa dynamique pour imiter seulement la dernière Cène ne correspondrait pas du tout à la nature du don que le Seigneur a laissé à ses disciples» (p. 168).
  • La Passion : les accusateurs de Jésus devant Pilate sont simplement les membres de l'aristocratie en place et surtout les partisans de Barrabas (p. 214) Quand Matthieu dit «tout le peuple» (p. 27,25), il amplifie pour des motifs idéologiques (p. 214-215). «Que son sang retombe sur nous!» etc., nous l'entendrons dans l'analogie de la foi,« en bénédiction» (p.216). Mention du Dies irae: « Seigneur, prends pitié! » (p. 244).
  • Le voile déchiré dans le Temple est celui du Saint des Saints (p. 240).
  • Jésus boit le calice du Mal, c'est-à-dire qu'il l'absorbe (p.263-264).
  • Jésus ressuscité, c'est le grain de sénevé (p. 282, 311).
  • Le tombeau vide. Ce n'est pas une preuve de résurrection, mais un présupposé absolument requis pour une vraie résurrection (p. 289, 292).
  • Le tombeau neuf de Joseph d'Arimathie rappelle l'ânon des Rameaux, qui n'avait encore jamais été monté, en Mc, XI, 2 (p. 259).
  • Les apparitions ne sont pas contraignantes dans tous leurs détails (p. 295).
  • Les femmes de Marc, XVI, 8, sont apeurées en présence du Ressuscité. Là s'achève le texte primitif. Le reste (XVI, 9-20) est un ajout du deuxième siècle (p. 296).
  • «L'Église dans sa structure juridique est fondée sur Pierre et les Onze, mais dans la forme concrète de la vie ecclésiale, ce sont toujours de nouveau les femmes qui ouvrent la porte au Seigneur» (p.296-297)
  • Jésus ressuscité, connu à la fois du dehors et de l'intérieur, c'est-à-dire par intimité (p. 300).
  • Les quarante jours après la Résurrection, c'est historique, et non pas de l'ordre mystique (p. 307).
  • L'Ascension : un fait qui, sans être pleinement historique, puisque unique et non vérifiable - Jésus ne part pas dans les étoiles (319-320 - laisse pourtant son empreinte dans l'histoire (p. 310).
  • L'espace de Jésus, c'est le sein du Père. C'est là aussi l'espace de notre propre navigation spatiale (p. 323)
  • Jésus toujours présent parmi nous, à savoir dans son corps mystique.
  • Les saints sont l'irruption de Jésus dans le monde, les prédicateurs de la nuée qui le porte.

Père Francis VOLLE