Les Papes et les juifs après 1945

 

Par Denis Lensel – Association des écrivains catholiques

22 novembre 2022

 

-1. Pie XII : un « grand frère » distant et secret.

Très circonspect, sans être indifférent,

il s’estime dépositaire d’une sorte de droit d’aînesse.

Il manifeste une grande fermeté doctrinale.

 

-2. Les Papes du Concile Vatican II : deux mots-clés « Fidélité et ouverture »

Le souci de fidélité à l’Evangile implique chez eux une volonté d’ouverture

-2.a. Jean XXIII : le frère proche qui veut communiquer et qui parle d’égal à égal avec les Juifs.

 

-2.b. Paul VI : le pèlerin de Jérusalem, l’auteur de la charte interreligieuse du Concile Vatican II qui définit en 1965 la nouvelle donne des relations de l’Eglise catholique avec le peuple juif.

 

-2.c. Jean-Paul II : le Pape qui a aboli les frontières, jusqu’au message du Jubilé de l’An 2000 au Mur des Lamentations à Jérusalem, après la visite à la Synagogue de Rome.

 

-2.d. Benoît XVI : le Pape théologien qui explique et approfondit la réflexion de l’Eglise sur l’évolution de ses relations avec les autres confessions religieuses, notamment dans son « Jésus de Nazareth ».

 

-3. Le Pape François : un Jésuite atypique de spiritualité franciscaine, « venu du bout du monde », de l’Hémisphère Sud de la planète : le recul d’un regard distancié sur les clivages européens…

Un défenseur sourcilleux des pauvres et de la nature.

Un lecteur de Léon Bloy, écrivain polémiste et prophétique sans concession, plus apprécié en Amérique latine qu’en France…

 

Le monde en 1945 :

Un champ de ruines après deux guerres mondiales (14-18 et 39-45).

Des dizaines de millions de morts, des consciences dévastées,

Le Nazisme a été vaincu de justesse en 1944-45, au prix fort

Après Hiroshima et Nagasaki : le fossé abyssal de la bombe atomique fait peur

Une déchristianisation déjà profonde avec un début d’anorexie spirituelle :

En Europe même, des peuples tout entiers n’adhèrent plus que par habitude à un christianisme devenu « sociologique » - les pays de l’ex-Europe chrétienne hantés par les idéologies totalitaires du XXème siècle – fascisme-nazisme et communisme – sont en proie à des situations de guerre civile – Début de la « Guerre froide » entre l’Est et l’Ouest.

La double stratégie des systèmes totalitaires : persécution et séduction (ou corruption), vis-à-vis des chrétiens et des juifs, persécution des uns et séduction des autres, au prix de la liberté intérieure spirituelle de tous

Au lendemain de la Shoah, à l’heure du Goulag stalinien toujours en place, on s’aperçoit qu’on est entré dans le siècle de la barbarie totalitaire, avec un cortège de génocides (massacre des Arméniens par les Turcs en 1915, Holodomor des paysans ukrainiens affamés par Staline en 1932-33, et le pire, la Shoah, massacre des Juifs par Hitler à une échelle industrielle, en attendant la suite…)

Chez les intellectuels européens, l’influence du marxisme, un astre mort encore perçu comme une étoile montante, le dispute à celle du christianisme alors déjà en déclin

 

Du côté des Juifs : Création de l’Etat d’Israël = application du projet sioniste

 

 

 

 

 

 

Pie XII : le dernier Pape-Roi – Diplomate et juriste + théologien – Docteur ex cathedra

Pape « unioniste » vis-à-vis des chrétiens non-catholiques, et à tendance prosélyte vis-à-vis des croyants non-chrétiens (comme les papes précédents) :    à ses yeux, l’idéal est de faire rentrer directement les non-catholiques dans le bercail catholique…

Héritier d’une ecclésiologie défensive impliquant des condamnations à l’encontre des conceptions extérieures non conformes à la doctrine catholique.

Le Pape Eugenio Pacelli : Ascétique, très exigeant pour ses collaborateurs, mais encore plus exigeant pour lui-même…

Une tendance autocratique… NB Il ne remplace pas son secrétaire d’Etat Maglione quand il meurt en 1944…

Mais c’est surtout un homme tragiquement seul !

et un homme angoissé dans une situation angoissante (l’arrivée de la Seconde guerre mondiale, puis la prise en tenailles des Eglises chrétiennes, de la civilisation judéo-chrétienne et de l’Europe entre les deux fléaux totalitaires du nazisme d’Hitler et du communisme de Staline, puis, après le 8 mai 1945 de la montée du communisme en Europe centrale et orientale et des débuts de la « guerre froide » avec le danger nucléaire)

Ancien nonce à Munich, Eugenio Pacelli a été agressé en 1919 par des révolutionnaires communistes : l’un d’eux a collé le canon de son revolver sur sa poitrine en le menaçant de mort…

NB Pie XII : un Pape germanophile et antinazi : germanophile lucide, il était horrifié par Hitler, un individu qu’il juge calamiteux à la fois pour l’Europe et pour l’Allemagne elle-même.

Toutefois, Pie XII était un homme qui restait plus ou moins conditionné par son époque : comme l’a souligné l’historien suisse Philippe Chenaux, le Pape Eugenio Pacelli, Pie XII, n’était pas antisémite, mais il était marqué par la mentalité « préconciliaire » de son époque, pour laquelle le peuple juif, le peuple de l’Ancien Testament « n’était plus le peuple élu de Dieu ». Cela du fait d’une sorte de « théologie de la substitution » (plutôt que de la juxtaposition) On peut sans doute parler à cet égard d’une sorte de sentiment de supériorité chrétien, notamment catholique, vis-à-vis du peuple juif.

NB A cela s’ajoutait, encore à cette époque, chez de nombreux catholiques, y compris au Vatican, le mythe – absurde mais durable – du « peuple déicide », expression par laquelle beaucoup de chrétiens désignaient abusivement les Juifs, en prétendant se référer à l’épisode initial de la Passion de Jésus-Christ…

En outre, d’après l’historien suisse Philippe Chenaux dans son « Pie XII », « Tout en apportant son soutien aux efforts de ses représentants en Hongrie (Rotta), mais aussi en Roumanie et en Slovaquie, pour soulager les souffrances du peuple juif, Pie XII et ses collaborateurs se montrèrent soucieux de ne rien faire qui puisse apparaître comme une caution donnée à la politique d’émigration vers la Palestine[1]. L’hostilité de principe du Saint-Siège au projet sioniste, manifestée très clairement par Pie X à Theodor Herzl dès 1904, ne fut pas du tout remise en cause par les tragiques circonstances de la Deuxième Guerre mondiale. »

 Même Angelo Roncalli, le futur Jean XXIII, écrivait en septembre 1943 au cardinal Maglione, secrétaire d’Etat du Pape Pie XII que « la reconstruction du royaume de Juda et d’Israël n’est qu’une utopie », et qui parlait de « rêve messianique » … !

Chenaux : « En 1948, le Vatican s’abstiendra de prendre position au sujet de la création de l’Etat d’Israël, se contentant de recommander des prières pour la paix en Palestine (le 1er mai 1948) et de réclamer un statut juridique international pour la ville de Jérusalem et ses environs (le 24 octobre 1948). »

Ce refus va durer pendant un demi-siècle !

Le contexte brûlant de la situation politique du Moyen-Orient :

les guerres israélo-arabes successives (1948 - 1956 - la « Guerre des Six Jours » en 1967- la guerre du Kippour en 1973) et le déclenchement de la guerre du Liban de 1975 à 1990 et ses suites, notamment en 2006… Tout cela semble avoir paralysé considérablement la diplomatie vaticane pendant de longues années vis-à-vis du jeune Etat d’Israël : ceci par un souci de neutralité !

NB La présence de chrétiens parmi la population palestinienne aux côtés de musulmans explique aussi la réticence du Vatican vis-à-vis du projet sioniste.

En 1945, Pie XII accepte avec intérêt la suggestion du Général de Gaulle et du Gouvernement provisoire de la République française du choix d’un nouvel ambassadeur : initiative originale, c’est, non pas un diplomate professionnel,

mais le philosophe catholique Jacques Maritain que le Pape reçoit à Rome comme ambassadeur de France.

Jacques Maritain et son épouse juive Raïssa, dont la famille avait fui les pogroms d’Odessa, avaient été des auditeurs du philosophe Henri Bergson.

Tous deux, Jacques et Raïssa, ont été ensuite convertis au catholicisme par le livre de l’écrivain Léon Bloy « Le Salut par les Juifs » écrit en 1892, avant même l’Affaire Dreyfus : sous un titre qui reprend une phrase de Jésus-Christ à la Samaritaine dans l’Evangile de Saint Jean, il condamnait comme « un crime contemporain » l’antisémitisme obsessionnel du polémiste Edouard Drumont. Il disait en « démontrer le néant intellectuel ».

Et il disait que « le salut du genre humain est solidaire de la destinée des Juifs ».

(…) Bouleversée par les épreuves douloureuses de Bloy devenu son parrain, Raïssa Maritain le comparait à… « une cathédrale calcinée » !

Jacques Maritain, auteur lui-même du livre « Impossible antisémitisme », va nouer des relations étroites à Rome avec le plus proche collaborateur de Pie XII, le substitut Jean-Baptiste Montini, c’est-à-dire le futur Pape Paul VI. Il en deviendra un conseiller très écouté, à l’heure du concile Vatican II.

En 1945, un théologien suisse, Charles Journet, très proche lui aussi du futur Pape Paul VI, a rendu hommage à cet inspirateur de Maritain qu’était Léon Bloy. D’après Journet, Bloy « a fait retentir (…) comme une trompette prophétique (…) des révélations (…) touchant les destinées du peuple élu. (…) Il annonçait que l’existence d’Israël était un mystère de foi divin ».

La tentative avortée du tyrannicide soutenue par Pie XII contre Hitler

Le 1er juin 1945, un avocat catholique allemand, le Bavarois Josef Müller, arrive au Vatican : il est reçu comme un fils par le Pape Pie XII. Cet avocat proche du Cardinal Faulhaber de Munich est rescapé d’un séjour au camp de concentration de Flossenburg, où il a été torturé par les SS.

Deux mois plus tôt, le 9 avril 1945, il y a assisté à la pendaison d’opposants au régime nazi, le Pasteur Dietrich Bonhoeffer, et les deux chefs de l’Abwehr, le service de renseignements de l’Armée allemande, l’amiral Canaris et son adjoint Hans Oster, deux protestants. Bonhoeffer et Oster étaient impliqués tous deux dans l’attentat du 20 juillet contre Hitler. Ils avaient transmis au Vatican et aux Britanniques des preuves de l’extermination des Juifs par les Nazis et des assassinats de prêtres en Pologne dès 1940.

Quant à l’avocat catholique Josef Müller, il avait servi d’intermédiaire clandestin entre le Pape Pie XII et ces officiers allemands antinazis, via le Jésuite Robert Leiber en poste au Vatican. Dès 1940, Pie XII, Müller, Bonhoeffer et Oster poursuivaient tous le même but : la mort d’Hitler.

 

En 1945, à l’issue de la Seconde guerre mondiale, le rôle de l’Eglise face à la Shoah a été salué par plusieurs représentants du monde juif :

Le Docteur Kubowitzki, Secrétaire du Congrès juif mondial, est venu remercier Pie XII pour « l’œuvre effectuée par l’Eglise catholique dans toute l’Europe en défense du peuple juif » (propos cités dans l’Osservatore Romano du 23 septembre 1945)

 

Et à sa mort en 1958, la mémoire de Pie XII sera saluée par des représentants éminents du peuple juif :

Le lendemain de son décès, Mme Golda Meir, alors ministre des Affaires étrangères d’Israël : « Pendant les dix années de la terreur nazie, quand notre peuple a souffert un martyre effroyable, la voix du Pape s’est élevée pour condamner les bourreaux et pour exprimer sa compassion envers les victimes ».

Le 26 octobre 1958, le Grand Rabbin de Rome Elio Toaff déclare à l’Agence Reuter : « Les Juifs se souviendront toujours de ce que l’Eglise a fait durant la Seconde Guerre mondiale, grâce au Pape Pie XII ».

En revanche, 5 ans après sa mort, en 1963, le rôle de Pie XII vis-à-vis de la Shoah sera publiquement remis en question, par la pièce de théâtre polémique « Le Vicaire » de l’écrivain allemand Rolf Hochhuth, issu d’une famille protestante et ancien membre (non volontaire) des Jeunesses hitlériennes.

Ce texte utilise le thème du « silence » du Pape au sujet de la Shoah…, et provoquera un débat récurrent…

Cependant, le diplomate-écrivain juif Pinchas Lapide, consul d’Israël à Milan, écrit…, dans Le Monde du 13 décembre 1963 :  que « (l’ensemble de) l’Église catholique (a) sauvé de 150 000 à 400 000 Juifs d’une mort certaine ».

En 1967, il ira jusqu’à une « fourchette » de 700.000 à 860.000… !

Désormais, le souvenir de Pie XII va être régulièrement transformé en cactus…, de différentes façons : des polémiques, le film Amen de Costa Gavras en 2002, ou des débats d’historiens…

Des intellectuels catholiques critiqueront « le silence » de Pie XII. A l’inverse, certains intellectuels juifs, comme Serge Klarsfeld ou le Rabbin David Dalin prendront sa défense… !

Lors de son pontificat, Paul VI demandera l’ouverture des archives du Vatican à ce sujet sur la période de la Seconde guerre mondiale

Les papes de la période conciliaire et post-conciliaire : de Jean XXIII à François

Après la mort de Pie XII, les deux mots qui les caractérisent sont Fidélité et Ouverture

En outre, ces Papes auront été alternativement les uns des pasteurs hommes de contact et d’action (Jean XXIII, Jean-Paul II et François) et les autres des docteurs enseignants théologiens hommes de réflexion (Paul VI et Benoît XVI) : cela se sentira aussi dans leurs relations avec le monde juif.

Elu en 1958 à l’âge de 77 ans, Jean XXIII est considéré à tort comme un Pape de transition…

Il décide presque immédiatement de lancer le concile œcuménique Vatican II, d’y inviter des observateurs non-catholiques, et d’y aborder la question des relations avec le monde juif.

Jean XXIII : – Pasteur : d’origine rurale très modeste, homme simple et direct

Historien, missionnaire et diplomate de terrain mis au contact de peuples de confession non-catholique (en Bulgarie, en Grèce et en Turquie: des orthodoxes, mais aussi des musulmans et… des Juifs fugitifs).

Quand un visiteur demandera à ce Pape quel sens il donne au concile, il se lève, il va ouvrir en grand la fenêtre de son bureau, et il dit simplement : « C’est ça ! » : communiquer directement avec le monde !!!

 

Angelo Roncalli – le futur Jean XXIII - était Délégué apostolique du Vatican à Istanbul pendant la Seconde guerre mondiale : comme diplomate,  il a joué un rôle important pour le sauvetage des réfugiés d'Europe centrale vers la Palestine, personnes menacées par le nazisme, des juifs, surtout, mais aussi des membres du clergé, venus de toute l'Europe.

 

Prévenu dès septembre 1940 de la persécution nazie, il va faire distribuer des permis d'émigration par la délégation apostolique, en particulier vers la Palestine sous mandat britannique, ainsi que des vivres et vêtements.

En 1943, le futur Jean XXIII, parvient à empêcher la déportation de 25.000 Juifs de Sofia et à faire sauver par la Croix Rouge des milliers de juifs slovaques.

 

Comme l’ambassadeur de l’Allemagne nazie à Istanbul Franz von Papen lui demande de dire au pape Pie XII de rejoindre la campagne antisoviétique d’Hitler, il lui réplique : ”Et que devrais-je dire au Saint Père au sujet des milliers de Juifs qui sont morts en Allemagne et en Pologne aux mains de vos concitoyens?"

Mais ensuite, il parvient à engager Von Papen à agir pour sauver des juifs, en leur fournissant discrètement des papiers en règle… !

Le futur Jean XXIII aurait globalement sauvé ou fait sauver directement ou indirectement de 24.000 à 80.000 Juifs.

NB Il dira plus tard qu’il a agi ainsi à la demande du Pape Pie XII

 

Nommé Nonce apostolique en France en 1945, Angelo Roncalli contribue à y rétablir la paix civile, avant d’être nommé Patriarche de Venise.

 

A peine élu Pape en 1958, Jean XXIII est l’artisan inattendu d’un concile de changement, d’Aggiornamento, et d’ouverture. Et d’un Concile qui ne reformule pas les condamnations précédentes (jugées peu efficaces…)

Il veut tirer pour l’Eglise des leçons des « signes des temps » : au lendemain des massacres des deux guerres mondiales et de la Shoah - dont il a été témoin comme aumônier militaire italien en 1915-18 et comme diplomate du Vatican aux portes de l’Europe orientale en 1939-45. Il veut inscrire dans le discours de l’Eglise les pages d’histoire de la solidarité fraternelle vécue entre chrétiens de diverses confessions et entre chrétiens et juifs, face à la cruauté meurtrière : l’œcuménisme, la réconciliation des hommes, l’amour contre la haine. Le fruit du témoignage fraternel de ceux qui ont résisté ensemble à la barbarie des guerres et des génocides : ce sera le concile Vatican II et l’encyclique Pacem in terris.

 

Jean XXIII va demander que la question des relations de l’Église catholique avec les Juifs soit abordée au concile.

C’est le pape qui a fait passer devant lui le Grand Rabbin de Rome pour franchir la porte de son bureau du Vatican, en lui disant « D’abord l’Ancien Testament, avant le Nouveau Testament ».

 

 

Comme Pape, Jean XXIII a pris plusieurs décisions positives en faveur du peuple juif :

Le 13 juin 1960, il reçoit longuement en audience à Rome le célèbre historien français Jules Isaac, qui milite pour mettre fin à ce que celui-ci appelle « l’enseignement du mépris » vis-à-vis des Juifs.

Ancien combattant de 14-18, blessé de guerre, inspecteur général de l’Instruction publique, révoqué par Vichy en 1940, Jules Isaac a perdu son épouse et sa fille mortes en déportation : il étudie depuis 1943 les origines de l’antisémitisme

Cofondateur de l’Amitié judéo-chrétienne en 1947, en 1948, il avait publié un livre « Jésus et Israël » avec un grand succès : il y critiquait l’enseignement traditionnel de l’Eglise : par une analyse des Evangiles, il voulait démontrer que le peuple juif n’avait pas rejeté Jésus-Christ et n’était pas responsable de sa mort.

Il a publié plusieurs textes sur « les racines chrétiennes de l’antisémitisme ».

En 1949, il avait déjà pu rencontrer brièvement Pie XII - avec un effet limité

En 1960, Jules Isaac a rédigé un mémoire à l’intention de Jean XXIII sous le titre « Du redressement nécessaire de l’enseignement chrétien concernant Israël ».

 

Et Jean XXIII a modifié significativement un texte de la liturgie du Vendredi Saint où il y avait une « prière pour la conversion des juifs » : elle contenait l’expression latine « Pro perfidis Judaeis », cet adjectif étant traditionnellement traduit par le mot « perfides ». Jean XXIII a supprimé cet adjectif dès sa première veillée pascale dès mars 1959. Et il a fait demander à toutes les paroisses de Rome, puis au reste de l’Eglise de faire la même chose.

NB « perfide », un adjectif que sous le pontificat de Pie XII, en 1948, la congrégation des Rites avait déjà autorisé à transposer autrement : en faisant traduire les mots perfidis et perfidia par « infidèles » et « infidélité », qui avaient une connotation moins péjorative…

 

 

 

Dès l’automne 1960, le cardinal Augustin Bea, Jésuite nommé responsable de l’œcuménisme et du dialogue interreligieux à Rome, entre en contact avec le président du Congrès juif mondial.

 

Le cardinal Bea propose que des observateurs juifs participent au prochain concile Vatican II, au même titre que d’autres observateurs non catholiques. Le Congrès juif mondial refuse cette invitation, mais accepte d’envoyer un memorandum : ce texte sera utilisé pour le Concile Vatican II : il aidera à constituer la partie principale du document « Nostra Aetate » sur les religions non chrétiennes.

 

Autre geste fort de Jean XXIII vis-à-vis du monde juif, cette fois directement à Rome : le 17 mars 1962, passant en voiture le long du Tibre devant la grande synagogue, le pape voit des fidèles sortant de l’office du shabbat : il fait arrêter son véhicule, en sort, et bénit de loin ces croyants juifs. Le Grand rabbin de Rome Elio Toaff, qui a assisté ému à cette scène muette mais éloquente, a déclaré que c’était « le premier vrai geste de réconciliation entre l’Eglise catholique et les juifs ».

L’année suivante, au moment de la mort de Jean XXIII, le Grand rabbin de Rome Elio Toaff viendra se recueillir avec un groupe de juifs au bord de la Place Saint-Pierre pour prier pour lui.

 

 

 

Paul VI : diplomate – Docteur, juriste et théologien … et oiseau migrateur aux quatre coins du monde,

en commençant par Jérusalem

Jean-Baptiste Montini : grande fragilité physique, mais puissance de travail phénoménale,

Entre 1924 et 1939, il a été aumônier des étudiants italiens : à ce titre, il s’est souvent opposé aux tentatives de mainmise du régime fasciste sur les jeunes.

Ensuite, il a été chargé des « affaires ordinaires » de la Secrétairerie d’Etat aux côtés de Pie XII (de 1939 à 1954). Chargé de coordonner l’action humanitaire du Vatican pendant la Seconde guerre mondiale, il participe à la distribution de secours aux populations civiles.

Il devient archevêque de Milan de 1954 à 1963.

Elu pour succéder à Jean XXIII, Montini prend le relais pour mener à terme le travail du Concile Vatican II. Il prend le nom de Paul VI, en référence à l’apôtre Paul, qui alla au-devant des nations étrangères, bien au-delà du premier cercle des disciples du Christ.

C’est lui qui va rédiger la déclaration historique Nostra Aetate sur les relations de l’Eglise et des autres confessions religieuses : un texte d’ouverture.

 

Mais vis-à-vis de l’Etat d’Israël, le Vatican de Paul VI est resté très réservé : En 1964, lors de son pèlerinage en Terre Sainte, orienté vers la rencontre œcuménique avec le Patriarche orthodoxe Athénagoras de Constantinople, le Pape évite de prononcer le nom de l’Etat d’Israël.

Le Président israélien Zalman Shazar évoque « les malheurs » de la Shoah comme « un dur avertissement contre la perte de l’image divine et la grande bestialité à laquelle peut être réduit l’homme par les anciens préjugés et par les haines raciales ».

Paul VI répond en insistant sur la dimension spirituelle de son voyage, en soulignant « le rôle des Juifs (…) dans l’histoire religieuse de l’humanité ».

Il a demandé au Cardinal Tisserant, Doyen du Collège des cardinaux, de le représenter dans la Crypte de la Destruction qui évoque le souvenir des millions de Juifs victimes du Nazisme. Orientaliste éminent, parlant hébreu, farouchement antinazi, Tisserant a apporté son soutien aux réseaux catholiques qui protégeaient des Juifs, dès 1937… ! Il en a caché ensuite sous l’Occupation à l’intérieur du Vatican.

Paul VI a rédigé lui-même la déclaration Nostra Aetate du 28 octobre 1965, au lendemain immédiat du concile Vatican II.

Ce texte solennel a marqué un véritable tournant : en ce qui concerne le peuple juif, il a signifié l’abandon d’une théologie de la substitution, au profit d’une théologie de l’enracinement et de la greffe qui sera exprimée en termes vigoureux par Jean-Paul II.

Ce texte « examine » les relations de l’Eglise catholique « avec les religions non chrétiennes », ceci « à notre époque (Nostra Aetate) où le genre humain devient de jour en jour plus étroitement uni ». --- Paul VI part du principe que tous les peuples « forment une seule communauté », « ont une seule origine », et sont tous destinés à être sauvés par Dieu.

Concernant le peuple juif, Nostra Aetate souligne que « le Concile rappelle le lien qui relie spirituellement le peuple du Nouveau Testament avec la lignée d’Abraham ».

Ce texte déclare que « le salut de l’Eglise est mystérieusement préfiguré » dans la libération du peuple élu de l’esclavage d’Egypte. Que « l’Eglise ne peut oublier qu’elle a reçu la révélation de l’Ancien Testament par ce peuple (NB le peuple juif) avec lequel Dieu (…)  a (conclu) l’ancienne Alliance ».

Nostra Aetate considère que les Juifs restent « très chers à Dieu », Dieu dont les dons et l’appel ont une valeur définitive.

Du fait du « patrimoine spirituel commun » aux chrétiens et aux Juifs, il est dit ici que « le Concile veut encourager (…) entre eux la connaissance et l’estime mutuelles ». Et que celles-ci « naîtront surtout d’études bibliques et théologiques, ainsi que d’un dialogue fraternel ».

Point important, ce texte balaye aussi le mythe du peuple juif « déicide » prétendument coupable de la mort du Christ, en ces termes : « Ce qui a été commis durant sa passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps. S’il est vrai que l’Eglise est le nouveau peuple de Dieu, les Juifs ne doivent pas, pour autant, être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits. »

Le texte conciliaire écrit par Paul VI ajoute que « l’Eglise (…) déplore les haines, les persécutions et toutes les manifestations d’antisémitisme, qui, quels que soient leur époque et leurs auteurs, ont été dirigées contre les Juifs ».

Nostra Aetate conclut par un appel à « la fraternité universelle excluant toute discrimination ».

Au niveau institutionnel, une Commission pour les relations avec le Judaïsme est créée au sein du Secrétariat pour l’Unité des chrétiens en 1974 : elle publie des Orientations pour l’application de Nostra Aetate, « en vue de développer de façon saine les relations entre les catholiques et leurs frères juifs ».

Sur le plan de la liturgie, le nouvel « Ordo Missae » de Paul VI promulgué en 1970 transforme la fameuse prière du Vendredi Saint : il n’est désormais plus du tout question de prier pour la conversion des « juifs perfides », mais de demander à Dieu qu’il accorde au peuple juif la grâce de progresser « dans l’amour de son nom et la fidélité de son alliance », afin de parvenir à la « plénitude de la rédemption ».

 

 

 

 

 

Jean-Paul II, un athlète complet pour la pacification

Ensuite, Jean-Paul II va accomplir des pas de géant, sur le chemin du rapprochement avec le monde juif, notamment avec l’Etat d’Israël --- Jean-Paul II : Docteur et pasteur, mais plus pasteur que docteur (…)

Jeune, Karol Wojtyla a été marqué par la proximité d’un ami d’enfance juif, Jerzy Kluger, dans une Pologne souvent hantée par des préjugés antisémites – ou antijudaïques : ils se sont retrouvés en 1965 à Cracovie, puis… à Rome peu après l’élection de 1978.

Comme jeune évêque, en 1969, il a rendu visite à la communauté juive de Cracovie en se rendant – déjà – dans sa synagogue. C’était l’année d’une campagne antisémite du pouvoir communiste polonais.

Le 13 avril 1986, Jean-Paul II s’est rendu à la synagogue de Rome pour y rencontrer la communauté juive : il y a été accueilli par son président et par le grand rabbin Elio Toaff, - qu’il avait brièvement rencontré dès 1981 sur le territoire de l’ancien ghetto juif de Rome.

Le Pape a souligné leur foi commune en un seul vrai Dieu. Il a précisé qu’il ne s’agissait ni d’une simple visite de courtoisie, ni d’une étape préparatoire à une négociation, mais d’une rencontre religieuse entre des gens devant « ensemble louer et glorifier le Seigneur ».

Cette rencontre marquait à la fois une fin et un commencement, d’après Jean-Paul II : depuis Jean XXIII et Vatican II, toute prétention à justifier théologiquement une discrimination à l’encontre des Juifs était bannie, et le Pape pouvait désormais déclarer ceci : « La religion juive n’est pas « extrinsèque », mais bien « intrinsèque » à notre religion. (…) Vous êtes nos frères bien-aimés et l’on pourrait même dire, en un sens, nos frères aînés. »

NB Le Pape Karol Wojtyla emploie ici l’expression « frère aîné » qui avait été créée par le poète polonais Adam Mickiewicz dans un esprit d’amitié peu fréquent dans la Pologne d’autrefois.

A la synagogue de Rome, Jean-Paul II a suggéré que chrétiens et juifs étaient au début d’une route nouvelle, en vertu de leur « héritage commun issu de la Loi et des Prophètes ».

Désormais, ils pouvaient relever ainsi des défis communs, pour la dignité de la vie humaine.

J-P II redit après Paul VI que « l’Eglise déplore la haine, les manifestations d’antisémitisme, les persécutions dirigées contre les Juifs, quelle que soit l’époque et par qui que ce soit ».

Il a alors achevé son discours en récitant en hébreu la prière du psaume 118 : « Rendez grâce au Seigneur car Il est bon / Car éternel est son amour ».

 

Comme pape, après l’avoir fait plusieurs fois comme évêque, J-P II s’est rendu plusieurs fois à Auschwitz, qu’il a qualifié de « Golgotha du monde contemporain » en juin 1979, lors de son premier voyage pontifical en Pologne.

NB Ultérieurement, J-P II interviendra pour résoudre la regrettable affaire du Carmel d’Auschwitz, une initiative maladroite de certains catholiques…

En 1980 en Allemagne, devant la communauté juive de Mayence, J-P II parle du peuple de « l’ancienne Alliance qui n’a jamais été révoquée ».

 

Le Vatican de Jean-Paul II va procéder à la reconnaissance de l’Etat d’Israël en 1997, après cinq ans de pourparlers diplomatiques : une démarche sans précédent de la part de l’Eglise catholique, après 50 ans d’hésitation…

Jusqu’alors, cf Bernard Lecomte, « le soutien aux réfugiés palestiniens (aux dirigeants souvent chrétiens), les pressions des Eglises orientales (solidaires des Arabes), et les résolutions de l’ONU [opposées à Israël après l’annexion de Jérusalem] avaient poussé les papes Pie XII, Jean XXIII et Paul VI à maintenir fermement leur refus de reconnaître l’Etat d’Israël ».

En octobre 1980, Jean-Paul II énonce trois conditions de la paix au Proche-Orient : 1. Pour Israël, le droit à l’existence et à la sécurité ; 2. Pour les Palestiniens, le droit à retrouver une terre « dont ils ont été exclus », et 3. Pour le Liban, le droit à la souveraineté dans ses frontières.

C’est la première fois qu’un pape cite explicitement l’Etat d’Israël.

En octobre 1991, un processus de paix s’engage entre Israël et l’OLP palestinien : la situation se débloque. Le gouvernement israélien invite Jean-Paul II à venir en Terre sainte.

En 1998, le Vatican publie une « Réflexion sur la Shoah » avec un double thème : 1. L’Eglise n’est pas responsable de l’idéologie nazie, qui était aussi antichrétienne ; 2. Mais la Shoah a été facilités par les préjugés antijuifs au sein de ces peuples majoritairement chrétiens.

Et c’est le pèlerinage du Jubilé chrétien de l’an 2000 à Jérusalem :

Le 23 mars dans le mémorial de Yad Vashem, en souvenir des millions de victimes du génocide nazi, Jean-Paul II considère que si l’homme a pu « éprouver un tel mépris pour l’homme », c’est « parce qu’il était arrivé au point de mépriser Dieu ». Car « seule une idéologie sans Dieu pouvait programmer et mener à bien l’extermination de tout un peuple ».

Le Pape « assure le peuple juif que l’Eglise catholique (…) est profondément attristée par la haine, les actes de persécution menés contre les Juifs et les manifestations d’antisémitisme par des chrétiens en tous temps et en tous lieux ».

Pour conclure, il appelle chacun à construire « un avenir nouveau dans lequel il n’y ait plus de sentiments antijuifs parmi les chrétiens ou de sentiments antichrétiens parmi les juifs ».

Auparavant, le Premier ministre israélien Ehud Barak, dont les parents sont morts à Treblinka, a rendu un hommage poignant à Jean-Paul II, en disant qu’il « a fait plus que quiconque pour amener le changement historique dans l’attitude de l’Eglise vis-à-vis du peuple juif (…) et pour refermer les plaies béantes (…) de longs siècles pleins d’amertume. »

 

Le dimanche 26 mars, Jean-Paul II glisse un message dans le Mur des Lamentations, après y avoir écrit cette prière : « Dieu de nos pères, Tu as choisi Abraham et ses descendants pour amener Ton nom aux nations. Nous sommes profondément attristés par le comportement de ceux qui, au cours de l’Histoire, ont fait souffrir Tes enfants, et nous demandons Ton pardon. Nous souhaitons nous engager dans une fraternité authentique avec le peuple du Livre ». - Il fait un signe de croix et pose sa main sur le mur : la photo fera le tour du monde.

 

NB En juin 2001, lors de son voyage œcuménique en Ukraine auprès des orthodoxes, Jean-Paul II a reçu l’appui chaleureux du Grand Rabbin de Kiev Jaakov Dov Bleich : alors que le Pape venait de se recueillir devant le ravin de Babi Yar, où les Nazis ont assassiné 70.000 Juifs de 1941 à 1943, le chef de la communauté juive d’Ukraine a appelé les dirigeants et chefs d’Etat du monde entier à « tenir compte de l’appel du Pape à la moralité et au respect de la vie des enfants à naître, et au respect des êtres vivants ».

Benoît XVI :  Joseph Ratzinger – Théologien Collaborateur direct de Jean-Paul II comme responsable de la Doctrine de la Foi de 1982 à 2005

C’est presque le « dauphin » de Jean-Paul II

D’une famille réfractaire au régime nazi, il a été ordonné prêtre en 1951 par le cardinal Faulhaber de Munich (un des évêques allemands opposants à Hitler)

Lecteur de Dostoïevsky, de Bernanos et de l’écrivain protestant Ernst Wiechert, auteur des « Enfants Jeromin » rescapé de Buchenwald. Il est également lecteur des philosophes juifs Martin Buber et Bergson.

NB Théologien, Joseph Ratzinger est entré en dialogue avec un Rabbin, Jacob Neusner, sur « la difficulté de concevoir, dans le cadre de la Torah, un maître qui se tient en dehors de la Torah et peut-être au-dessus d’elle ».

 

Benoît XVI a réfuté magistralement le mythe raciste du peuple juif comme peuple « déicide » en s’exprimant dans son ouvrage « Jésus de Nazareth » qu’il a signé en 2011 comme théologien de son nom d’état-civil Joseph Ratzinger : A l’appui de récents travaux d’exégèse, il y explique que Barabbas était non pas un bandit de droit commun, mais un émeutier patriote juif, un « zélote » contemporain de Jésus-Christ, certes probablement condamné pour meurtre. Et que ses partisans voulaient le libérer pour une raison politique, et donc préférer sacrifier Jésus dont, pas plus que Ponce Pilate, ils ne comprenaient le message purement spirituel… ! Mais tant les partisans de Barabbas que les grands-prêtres du Temple de Jérusalem hostiles à Jésus ne pouvaient pas représenter à eux seuls l’ensemble du peuple juif de l’époque du Christ !

NB Mais comme le remarquait André Frossard, un confident de Jean-Paul II, ce que les antisémites reprochent au peuple juif, « ce n’est pas d’avoir fait mourir Jésus-Christ, mais de l’avoir mis au monde » car il s’agit d’un « antisémitisme antichrétien ». Et c’est « le crime contre l’humanité » qui « a été en vérité une tentative de déicide »… !

 

A peine élu pape, en 2005, Benoît XVI rencontre les représentants de l’ancienne communauté juive de Cologne, à l’occasion des JMJ organisés en Allemagne : il prend la parole dans la synagogue.

Il s’est aussi rendu à Auschwitz, « pour implorer la grâce de la réconciliation », aussi « pour tous ceux qui souffrent à nouveau à cause de la haine et de la violence fomentée par la haine ».

Avant de renoncer à sa charge écrasante, il effectue une dernière visite pastorale au Liban, après avoir effectué un voyage en Israël (où il a rendu hommage au sort du peuple juif victime de la Shoah, tout en manifestant son désaccord vis-à-vis d’attaques persistantes contre la mémoire de Pie XII dans le musée de Yad Vashem)

Auparavant, renouvelant la visite de Jean-Paul II à la Synagogue de Rome, il rappelle que Pie XII a sauvé des Juifs « de façon souvent cachée et discrète »)

 

 

 

François : Un Pasteur de l’hémisphère Sud

« Venu du bout du monde », Jorge Mario Bergoglio est un prêtre de la génération Paul VI

Un Jésuite argentin de spiritualité franciscaine – bouillant, énergique, malgré une santé éprouvée très tôt (un morceau de poumon en moins)

C’est lui aussi un lecteur de Léon Bloy, très lu en Amérique latine…

Un « Pape urgentiste », mais dont les priorités se situent ailleurs qu’en Europe…

Le Pape François a appelé les chrétiens à aller vers les périphéries, celles de la société, comme celles du monde…

Il a nommé à la tête du Service pour l’évangélisation des peuples un jeune cardinal philippin, Luis Antonio Taglé, dont la mère est chinoise : un regard dirigé vers l’Extrême-Orient

Comme archevêque de Buenos-Aires, le futur Pape François, est devenu l’ami du Rabbin Abraham Skorka, un scientifique d’origine polonaise qui enseigne la littérature biblique et rabbinique.

En 2010, ils se rencontraient une fois par mois avec un journaliste pour des discussions interreligieuses sur le fondamentalisme, les athées, la mort, la Shoah ou le capitalisme. En alternance au siège de l’archevêché ou de la communauté juive. Puis ils participent tous deux à une émission de télévision à trois voix avec un théologien protestant autour de la Bible.

En 2021, pour le 50ème anniversaire de Nostra Aetate, le cardinal Bergoglio décerne au rabbin Skorka le diplôme honoris causa de l’Université catholique de Buenos Aires. Un fait inédit en Argentine.

En mai 2014, le Rabbin Skorka a accompagné le Pape François avec un imam à Jérusalem, et a visité avec lui le Mur des Lamentations et le mémorial Yad Vashem.

A Bethléem, le Pape François a invité les présidents israélien et palestinien à venir à Rome pour prier et dialoguer. Tous deux ont accepté : le pape dira que cette rencontre a ouvert une porte que la fumée des bombes avait masquée

François s’est rendu l’an dernier au Moyen-Orient. Il projette cette année un voyage au Liban, un pays qui sombre dans un dangereux chaos.

 

Conclusion :

La militante chrétienne Madeleine Delbrêl disait peu avant sa mort en 1964 : « Un jour viendra où nous n’aurons plus où mettre les pieds » … !

Juifs ou chrétiens, dans le ‘No man’s land’ spirituel du monde contemporain, nous n’avons donc plus qu’à nous remettre en route. Pourquoi pas ensemble ?

 

 

Je pense ici à des idéaux, difficiles d’accès, mais utiles pour un avenir meilleur :

Ce mot d’André Frossard : « les juifs et les chrétiens ne peuvent se rencontrer, et peut-être se comprendre, qu’en passant très haut dans le ciel pour se laisser, enfin, réunir par l’attraction divine ».

 

Le Père Alexandre Men, l’évangélisateur de Soljénitsyne et de l’intelligentsia soviétique :

à la veille de son assassinat à la hache, l’arme des pogroms, en septembre 1990 près de Moscou,

ce prêtre orthodoxe d’origine juive

disait que « le Christianisme ne fait que commencer ».

 

Et l’écrivain Vassili Grossman, l’auteur juif russophone de « Vie et Destin »,

dont la mère avait été tuée en Ukraine par les nazis,

quant à lui,

dans une profonde méditation sur la Madone Sixtine,

il appelait à sauvegarder « ce qu’il y a d’humain dans l’homme ».

 

 

 

 

 

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